mardi 15 mars 2016

«Purple drank», le cocktail dangereux des ados




«Purple drank», le cocktail dangereux des ados composé dans l'armoire à pharmacie
Mots clés : Purple drank, ANSM, codéine, Prométhazine

Par figaro iconLouis Grillet - le 11/03/2016
La consommation de ce cocktail d'antitussifs et d'antihistaminiques détournés pour un usage « récréatif » augmente de façon préoccupante. Les autorités sanitaires appellent à la vigilance.
Connu depuis la fin des années 1990 outre-Atlantique, la consommation de «purple drank» y est un problème sanitaire avéré chez les adolescents et les jeunes adultes. En France, cette pratique, bien qu'observée depuis 2009, est longtemps restée confidentielle: seuls 17 signalements ont été répertoriés entre janvier 2009 et décembre 2014, selon un compte rendu du comité technique des centres d'évaluation et d'Information sur la pharmacodépendance (CEIP) datant de septembre dernier. Mais selon ce même rapport, sur les huit premiers mois de l'année 2015, ce sont 18 signalements qui ont été enregistrés, dont certains concernant des adolescents de 12 ans. Le phénomène reste limité, mais l'ANSM appelle à la vigilance et en profite pour rappeler que d'autres sirops antitussifs, contenant de la dextrométhorphane, peuvent être détournés à des fins de «défonce».

Le «purple drank» tire son nom de la couleur violette d'un sirop commercialisé aux États-Unis. En recherche d'effets analgésiques, les jeunes mélangent des sirops contre la toux contenant de la codéine avec un médicament contenant de la prométhazine, un antihistaminique, pour éviter les démangeaisons induites par la première molécule. Ils consomment le tout sous forme d'un cocktail en y ajoutant du soda, voir de l'alcool.
Une conduite à risque
Les jeunes détournent ces produits pharmaceutiques, dont certains sont disponibles sans ordonnance, pour leurs effets relaxants et désinhibant. Mais comme pour tout médicament, leur utilisation en dehors des prescriptions est dangereuse: la codéine est un opiacé et peut engendrer des problèmes d'addiction d'autant plus graves qu'elle est ici consommée par des jeunes. Le «purple drank» devient ainsi une porte d'entrée vers la dépendance. Un autre risque souligné par l'ANSM est l'utilisation de médicaments alliant la codéine à un autre principe actif. Ainsi, la consommation excessive de produits qui associent paracétamol et codéine, pas toujours soumis à prescription médicale, présente un risque aigu de toxicité pour le foie avec des risques d'hépatite fulminante pouvant conduire au décès.
Dans sa , l'ANSM appelle les médecins et les pharmaciens à la vigilance quant aux demandes suspectes d'antihistaminiques et de médicaments contenant de la codéine. Ceux-ci doivent vérifier qu'il n'y a pas d'antécédent d'abus ou de dépendance avant de prescrire ou délivrer les produits concernés. En cas de doute, le rapport du CEIP conseille à ces professionnels de substituer ces prescriptions par des traitements sans opiacés et de signaler tout abus.

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